Aviez-vous vous la première saison de cette excellente série TV d’anticipation ? Real Humans saison 2 sera diffusée à partir du jeudi 15 mai 2014 à 20h50 sur la chaîne Arte. Si vous ne l’avez pas vue, ça vous laisse le temps de regarder les 10 épisodes de la saison 1 de cette série suédoise aussi divertissante par son côté fantastique qu’amenant une réflexion philosophique par sa manière d’aborder un futur peut-être pas si lointain que ça… Après être revenus sur la première saison puis avoir présenté ce qui nous attend dans Real Humans saison 2, nous aborderons les questions sociologiques et philosophiques qu’amène cette série puis, pour conclure, nous ouvrirons sur la question du transhumanisme à travers le prisme de Google, entreprise la plus engagée dans ce mouvement à l’heure actuelle. Mais d’abord, je vous laisse regarder la bande-annonce de la prometteuse nouvelle saison de Real Humans, encore plus sombre et flippante que la précédente.
Le résumé de la saison 1
Dans un futur relativement proche, Real Humans met en scène des androïdes, les « Hubots » (contraction de « human robots »), qui assistent et / ou remplacent les humains dans certaines de leurs tâches quotidiennes telles que le ménage, le repassage, la cuisine etc. Formes très évoluées d’androïdes, les Hubots s’immiscent de plus en plus dans les différentes activités humaines et sont, notamment, capables d’assister les personnes âgées à leur domicile, d’aider les écoliers à faire leurs devoirs, de remplacer des ouvriers travaillant à la chaîne dans les usines ou encore de servir de partenaires sexuels. Au tout début de la série, ces humanoïdes nous sont montrés sous un angle plutôt positif mais, très vite, des tensions commencent néanmoins à émerger entre les pro-Hubots et anti-Hubots. Ces derniers voient, en effet, en eux une menace pour leurs emplois car les usines les remplacent progressivement par ces androïdes, tandis que les premiers y voient, au contraire, la solution idéale pour débarrasser l’humanité du fardeau de toutes ces tâches ingrates qui leur incombent, tout en maximisant par la même occasion, à moindre coût, la productivité des entreprises. Mais ces tensions se cristallisent lorsqu’un groupe de Hubots affranchis, « les Enfants de David », mené par Leo et Niska, décident de leur propre chef de voler de leur propres ailes en prenant leur indépendance vis-à-vis des humains. En effet, en théorie, chaque Hubot doit avoir un propriétaire humain pour lequel ils exécutent ce pour quoi ils sont destinés.

Lorsque la famille Engman fait l’acquisition de son premier Hubot, ils n’ont aucune conscience de l’engrenage dans lequel ils viennent, involontairement, de mettre le pied. Anita, le nom qu’ils donnent à leur Hubot, est en réalité Mimi, l’une des membres du groupe « les Enfants de David » qui fut enlevée par des trafiquants et que Leo, éperdument amoureux d’elle, va tenter de retrouver coûte que coûte. Le grand-père maternel des enfants Engman, Lennart, doit, quant à lui, se séparer de son ancien humanoïde, auquel il était particulièrement attaché, et se voir affecter un nouveau Hubot, Vera, spécialisé dans l’assistance aux personnes âgées. Mais Lennart ne l’entend pas de cette oreille et décide secrètement de conserver Odi, son ancien Hubot…

Roger, un voisin des Engman, devient l’un des plus fervents opposants aux Hubots après avoir été remplacé par l’un d’entre eux à son travail et que sa femme l’a quitté pour vivre avec Rick, l’un de ces humanoïdes. Il s’allie avec Marcus, un terroriste anti-Hubots, et Bea, une policière, dont il finira par découvrir le lourd secret qu’elle parvenait incroyablement bien à dissimuler : Bea est elle-même une Hubot, mais plus encore, elle fait partie des affranchis et n’est autre que le clone de la femme du fameux David… Tous trois rejoignent l’association « Real Humans » (Äkta Människor : 100% humains) dont l’unique objectif est de débarrasser l’humanité de ces envahisseurs androïdes par tous moyens et, notamment, par la violence.
De son côté, le petit groupe d’affranchis poursuit son chemin et progresse dans la réalisation de son objectif : affranchir tous les Hubots de l’emprise des humains et faire valoir leurs droits en tant qu’individus. Pour y parvenir, ils doivent reconstituer un code informatique que David, leur créateur, a dissimulé en eux. Ce code leur permettrait d’éprouver des sentiments, d’avoir des émotions et de les doter de leur propre libre-arbitre.
Ce qui nous attend dans la saison 2
Vous pouvez d’ores et déjà vous attendre à encore plus de noirceur dans Real Humans saison 2 avec, notamment, la diffusion d’un virus informatique qui, une fois transmis aux Hubots, transforme les androïdes en véritables machines à tuer, impitoyables et incontrôlables. D’où vient ce virus ? A qui profite son existence et sa diffusion ? Six mois se sont écoulés depuis le moment où nous avions quitté les Hubots à la fin de la première saison mais les opposants à ces humanoïdes sont de mieux en mieux organisés et plus remontés que jamais. Durant cette période, Bea était en état de veille et, dès sa réactivation, elle reprend sa « Quête du Saint Graal », en recherchant le fameux code informatique capable de libérer les siens du joug de la race humaine.
La famille Engman s’inquiète pour ses Hubots, Mimi et Vera, et doit vérifier qu’ils n’ont pas étés infectés par le virus dévastateur qui se répand parmi les androïdes domestiques. Tobias, l’aîné de la famille, est toujours fou amoureux d’Anita (aka Mimi), leur Hubot, et sa passion pour elle le ronge, l’enferme dans une spirale de honte et de désespoir (c’est un ado…). De son côté, Mimi s’émancipe, notamment sur le plan professionnel et certaines de ses réactions sont de plus en plus troublantes pour une humanoïde.
On avait entraperçu, dans la saison 1, les nouvelles possibilités offertes aux humains qui souhaiteraient se cloner eux-mêmes avant leur mort afin d’accéder, en quelques sortes, à une forme de vie éternelle à travers leur clone Hubot. La saison 2 de Real Humans approfondira cette idée et se penchera sur les questions bioéthiques que soulève cette démarche pour le moins sujette à débat dans nos esprits… Si vous n’avez pas encore regardé la bande-annonce de cette nouvelle saison qui se trouve au début de l’article c’est le moment !
BONUS : si les spoilers ne vous font pas peur, voici un extrait de 2 minutes du premier épisode de Real Humans saison 2 :
Une réflexion sociologique et philosophique
Real Humans nous amène à réfléchir sur plusieurs aspects de la vie humaine et suscite, notamment, une réflexion sociologique autour des rapports entre humains et Hubots mais également, par extension, entre les Hubots entre eux et les humains entre eux. Dans la série, la complexité de ces relations interpersonnelles bouleverse la majorité des codes sociaux établis dans nos sociétés modernes et la question de l’altérité, du rapport à l’Autre, est omniprésente. Régulièrement, ces relations peuvent, en effet, être transposées aux rapports humains tels que nous les connaissons, aux questions de société auxquelles nous sommes confrontés tous les jours, notamment, en matière de racisme, d’homosexualité ou encore de sexualité au sens large (y compris la prostitution et la pornographie). A de nombreuses reprises, Real Humans brouille volontairement les frontières établies entre êtres humains et androïdes au point que, par moments, humains et Hubots ont eux-mêmes du mal à se situer, franchissant parfois cette frontière devenue si floue qu’ils ne la voient même plus. On voit, en effet, certains humains se prendre d’affection pour des Hubots et s’attacher à eux (Inger Engman…), éprouver un désir sexuel pour eux (la femme de Roger et son amie, Tobias…), d’autres, au contraire, les détestent au plus haut point et sont prêts à tout pour les détruire (Marcus, Roger…) et d’autres, enfin, les détestaient au début et finissent par s’attacher à eux. On assiste à un phénomène similaire du côté des Hubots : certains d’entre eux se prennent d’affection pour des humains (Mimi/Anita avec la famille Engman, Odi avec Lennart ou encore Bea qui, à la fin de la saison 1, tue sa semblable Hubot, Niska, et laisse la vie sauve à son ancien équipier dans la police, humain), d’autres s’imaginent vivre en couple avec l’un d’entre eux (Flash, par exemple, qui rêve de trouver un homme riche et de l’épouser). La série brouille tellement bien les cartes que progressivement, sans que l’on n’en ait vraiment conscience, la frontière entre humains et androïdes s’estompent et l’on finit pas avoir beaucoup de mal à choisir son camp tant notre cœur balance tantôt pour les uns, tantôt pour les autres.

L’esclavagisme est également très clairement pointé du doigt dans Real Humans, les esclaves étant ici assimilés aux Hubots. Aså, la femme pasteur lesbienne qui avait accueilli et caché chez elle « les Enfants de David », l’évoque sans détours dans l’un de ses sermons lorsqu’elle compare la manière dont les humains traitent leurs Hubots avec le sort des esclaves africains jusqu’à la fin du XIXème.
Le transhumanisme vu à travers le prisme de Google
Si l’on y réfléchit un peu, sans être évidemment le présent, ces « hubots » préfigurent un futur qui pourrait ne pas être si lointain que ça, et ce, notamment, à travers le gigantesque travail de recherche scientifique orchestré par le dieu Google autour du transhumanisme… Leader mondial de la recherche en ligne, Google a un dessein bien plus grand que celui de satisfaire les attentes des internautes, il veut s’immiscer à part entière dans leur vie quotidienne et même au-delà, jusque dans leur mort. En effet, le géant, pas tout à fait omniscient mais presque, de l’information est à l’heure actuelle l’un des principaux acteurs de ce que l’on appelle les NBIC : Nanotechnologies + Biologie + Informatique + sciences Cognitives. Petit à petit, Google est en train de faire évoluer son moteur de recherche vers une forme d’intelligence artificielle aux multiples application qui pourrait, à terme, jouer un rôle clé dans de nombreuses phases de la vie humaine. En l’espace de deux ans, la firme de Mountain View a racheté des centaines de start-up spécialisées dans le séquençage ADN, la domotique, la robotique ainsi que dans la recherche sur la mort clinique du corps humain. Enfin, Google s’est offert le pape du transhumanisme, Ray Kurzweil, à la tête de son moteur de recherche en le nommant ingénieur en chef. Un hasard ? Si la question, aussi fascinante qu’effrayante, du transhumanisme vu à travers le prisme de Google vous intéresse, vous pourrez très prochainement lire notre dossier complet qui sera accessible via le tag correspondant associé à cet article (nous vous informerons de sa mise en ligne via les réseaux sociaux).
Vous avez aimé la première saison de cette série et vous attendiez avec impatience la diffusion de Real Humans saison 2 ? Ces questions liées au transhumanisme vous intéressent, vous passionnent, vous font peur ? N’hésitez pas à réagir en commentant cet article (le formulaire se trouve tout en bas de la page).
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